US – Le Road-trip majuscule du photographe Arno Brignon

US – Exposition photographique à la Galerie du Château d’Eau jusqu’au 21/04/2024 & Livre coédité avec les Éditions lamaindonne

US © Arno Brignon

US est le récit surgi en contrepoint d’un road-trip hybride aux USA, fusionnant par une nécessité doublement consentie voyage familial et projet photographique professionnel.
Arno Brignon est né à la photographie à Toulouse, principalement au contact des collections, des expositions, et des animateurs de la Galerie du Château d’Eau qui l’expose aujourd’hui. A cette occasion, la Galerie a coédité avec les Éditions lamaindonne un livre mêlant photographies et journal de bord.

US © Arno Brignon

Le projet

L’idée de US a germé en 2017 dans l’esprit d’un Arno Brignon encore sous influence du film Paris, Texas (Wim Wenders, 1984) visionné peu de temps auparavant, mais pressé ce soir-là de répondre à un de ces appels à projets dont les photographes professionnels ont tant besoin pour vivre de leur art – qui est aussi un métier (*).

Même s’il avoue ne pas être de prime abord attiré par les USA, Arno Brignon est cependant rompu aux défis et aux confrontations, exercice déjà pratiqué dans le cadre de résidences effectuées notamment en itinérance sur un territoire.  L’idée du road-trip s’impose, et celle d’un parcours reliant les villes américaines éponymes de capitales européennes révélera peut-être si ce Nouveau Monde est toujours celui qui nous attend.
Le challenge s’annonce d’autant plus intéressant que les trois voyages (de 2018 à 2022) s’effectueront en famille– un paramètre inédit et questionnant avec lequel il devra composer.

US © Arno Brignon

Chemin faisant

US, titre de l’exposition à la Galerie du Château d’Eau à Toulouse et du livre coédité avec les Éditions lamaindonne, résonne comme une sur-impression sur la pellicule : les USA plutôt insolites – observés dans le cadre photographique du 35mm, et le nous qui désigne l’équipage familial embarqué à la découverte du Nouveau Monde. Une situation plutôt incongrue que le photographe va toutefois rapidement retourner en appréciant, grâce à la présence de sa fille et de sa compagne, de pouvoir aller plus facilement au contact d’américains pas toujours friendly. A fortiori quand on ne fait que passer dans l’Amérique de l’intérieur, celle des petites villes oubliées par les métropoles-monde.

Un autre film de Wim Wenders : Alice dans les villes, axé sur le thème d’une quête aux composantes multiples : photo, travail, famille, nous semble davantage faire écho au cheminement d’Arno Brignon. On y voit un journaliste, las de sécher sur la rédaction d’un article, s’embarquer dans un road-trip muni d’un polaroïd et photographier au gré de ses ressentis. Plus tard on lui confie Alice, la petite-fille qui cherche à retrouver sa grand-mère, et c’est un tout autre voyage qui prend forme.

US © Arno Brignon

Le regard a changé

Celui d’Arno Brignon va petit à petit ouvrir sur un imaginaire apte à témoigner de son immersion paradoxale dans un pays déroutant, faussement familier, encombré de clichés en tous genres.
La matière des sensations initiales du photographe va alors pouvoir composer avec des paramètres plus ou moins choisis, dont la présence ou les manifestations aléatoires seront immanquablement lisibles dans son travail : tentation de vacances, pellicules argentiques périmées, aléas du quotidien en pays inconnu, … ces accidents génèrent l’écriture sous tension qui traverse la double restitution du projet US.

Dans la photographie d’Arno Brignon, les clichés figuratifs alternent avec le brouillage ou la dissolution des formes stables, le bougé, le flou, ou l’explosion des couleurs qui placent le regardeur à la lisière de ce qui peut advenir, chacun dans son imaginaire, face à la même image. Une image peut être floue comme une pensée  résume remarquablement Bernard Plossu. Le même affirme qu’avec le procédé argentique il est impossible de tricher (**).

US © Arno Brignon

Dans un article où il questionne le geste créatif à l’heure de l’I.A., le philosophe Eric Sadin (***) observe finement que

L’abstraction en peinture, ou en photographie, n’a pas rompu avec toute attache au réel. Elle a fait apparaître un autre type de réel, délivré de référent objectif, fait de la seule présence des formes s’offrant à notre perception et à même de la stimuler autrement.

US © Arno Brignon

Photographe de terrain, Arno Brignon a le témoignage chevillé au corps, et il en rend compte avec la même urgence qu’un reporter en mission. Ici le vécu intime autant que le saisissement, la sidération, l’émerveillement ou encore le malaise dans les situations rencontrées témoignent d’une même sincérité.

La restitution

On peut l’appréhender dans l’exposition, où la scénographie dynamique varie les distances, comme autant d’états d’âme: agrandissements, petits formats, bandes de lecture rythment le cheminement
Le livre quant à lui est une belle réalisation de plus inscrite dans la collection co-éditée par La Galerie du Château d’Eau et les Éditions lamaindonne, sous la direction de David Fourré et Christian Caujolle. US s’y révèle être un livre de photographie et un récit en soi, à la manière de ces écrivains-voyageurs capables d’insuffler à leur journal de bord le souffle littéraire d’un périple qui les a transformés.

Editions lamaindonne – Galerie du Chateau d’Eau – Toulouse

 arno-brignon.fr 

Arno Brignon est membre de Signatures, Maison de Photographes

Instagram @arnobrignon

US – L’Exposition à la Galerie du Château d’Eau à Toulouse jusqu’au 21 avril 2024.
C’est la dernière exposition à la galerie avant sa fermeture jusqu’à l’automne 2025 pour cause de travaux d’agrandissement.

US – Le livre aux Éditions lamaindonne – 22 €

(*) Lire l’article d’Ericka Weidmann du 7 février 2024 dans son indispensable webzine photo ‘9 lives magazine » consacré aux appels à projets abusifs

(**) in Made in USA, la photographie de Bernard Plossu dans l’émission Bienvenue au club / France Culture du 21 mars 2023

(***) Eric Sadin in Le Monde Diplomatique, novembre 2023, p.27 L’Humain Diminué

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Hengameh, l’attrapeuse de rêves / the dreamcatcher (RIP)

Dans son propre rêve et avant même de connaître son existence, A. me la décrit avec des bijoux dans les yeux.

photo © pierre david 1987

Que peut-on lire dans les yeux d’Hengameh quand elle débarque d’Iran, jeune ado, pour étudier en Belgique ? La niaque. Certainement pas encore qu’elle accompagnera, produira ou vendra à l’international les films de ces cinéastes-auteurs qu’elle aura su repérer. Point de cauchemars dans son dream-catcher : un ours, un lion, et une palme d’or.

Mais plus tôt, avant de courir le monde, de négocier sur les plus grands marchés, et avant que son avis de décès inonde l’autre jour les publications professionnelles, d’Hollywood à Tokyo, avant tout ça, au temps des premières armes à Bruxelles, le bureau est dans son entresol, lumière allumée toutes les nuits, et la petite imprimante à jet d’encre crache les feuilles du catalogue.

Pour sa première participation au marché du film à Cannes, elle remplit un fourgon avec son canapé et la table basse du salon pour habiller le stand. Un studio pour six dans la périphérie de Cannes, et ses sœurs qui rappliquent pour aider à plier les flyers et aller acheter les sandwiches.

A l’époque, la production du documentaire sur Charlie Parker se montait et Hengameh avait dégotté un tuyau pour tenter d’arranger une interview avec Miles Davis. « On a ce numéro aux USA pour l’appeler ce soir ; il en change tous les jours. » Sonnerie – répondeur : court solo de trompette – beep « Good evening Mr Davis, I’m Hengameh Panahi .. » etc.. Elle raccroche, les yeux allumés comme jamais « On verra bien ! »

Tous ceux qui l’ont connue parlent d’abord de son sourire.
Ses bijoux dans les yeux.
La nouvelle étoile dans le ciel, c’est elle.

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Hengameh Panahi, the dream-catcher

Without even knowing her existence, A. tells me she saw her in a dream with jewels in her eyes.

What can be read in young Hengameh’s eyes when she arrives from Iran to study in Belgium? A kind of get-up-and-go . Certainly not yet that she will support, produce or sell internationally the films of these filmmakers-authors that she’s been able to spot.

No nightmares in her dream-catcher: a bear, a lion, and a palme d’or .

But earlier, before running the world, negotiating on the major markets, and before her obituary floods the professional magazines the other day, from Holywood to Tokyo, before all that fame, in the time of first experiences in Brussels, the office light in her mezzanine is on every night, and the small inkjet printer spits the catalog sheets.

For her first participation in the Cannes film market – MIP , she fills a van with her own sofa and coffee table to dress the stand; a studio for six is hired on the outskirts of Cannes, and her sisters come to help fold the flyers and fetch the sandwiches.

In these days the production of Bird Now (*) was going up and Hengameh had managed to try and arrange an interview with Miles Davis about Charlie Parker. “We have this number in the US to call him tonight; he changes it every day.” Ringer – answerphone: short trumpet solo – beep « Good evening Mr Davis, I’m Hengameh Panahi .. » etc.. She hangs up, eyes lit like never «We’ll see!»

Everyone who knew her first talk about her smile.
Her jewels in the eyes.
She’s the new star in the sky.

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(*) Bird Now, first film about the life and legend of Charlie Parker, narrated by Dizzy Gillespie. – Marc Huraux, France,1987

Hommage: lire ici / Tribute: read here

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Heimweh / Mal du Pays, comète au Festival Supernova à Toulouse

Mise à jour: prochaines représentations à La Scène Nationale d’Orléans du 28 au 30/11/23

Donnez-vous cette chance de découvrir la vitalité de la jeune scène d’un théâtre décidément indispensable à la petite comme à la Grand Histoire.

photo © Gabriel Murisier

Fausse farce, beignet au piment. Heimweh / Mal du Pays de Gabriel Sparti est un spectacle au bouquet surprenant comme on dit de certains vins : si on part sur des notes rieuses et c’est pourtant une amertume longue en bouche qui colle au palais, ici celui des clichés d’une Suisse champêtre et blanchisseuse, anesthésiée dans un conformisme obscène. Mais quel pays n’est pas en reste ? La Belgique joyeuse ? La France des droits de l’Homme ? Et toutes les terres promises ?

Un temps seulement on peut chanter en faisant semblant. Si on n’a plus rien à dire sur le pays qui vous a vu naître, si même l’écrire restera lettre morte, alors on se fait violence en partant. C’est ça qu’on appelle le mal du pays ? Douleur de rester ? Douleur de partir ? Et une identité comme une tache d’encre indélébile ?

Gabriel Sparti écrit là un spectacle qui questionne tout en finesse. Sa mise en scène est réjouissante, qui amène ses comédiens à jouer de tout : d’eux-même et du plateau.
Mention spéciale – non : gratitude ! pour la séquence lumière en ouverture, un voyage en soi qui révèle chez Gabriel et Nora Boulanger-Hirsch, créatrice lumière, une sensibilité de photographe qui ajoute au plaisir. Ça promet !

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Lead Belly, pilier de la folk music, ensemenceur de la pop.

Lead Belly.  George Harrison dira que sans lui les Beatles n’auraient tout simplement pas existé, Bob Dylan le considère comme le point de départ de sa carrière, le premier disque acheté par Janis Joplin est un disque de Lead Belly, Kurt Cobain le considérait comme son artiste préféré.
Amaury Cornut lui consacre un livre entier, sa première biographie en français.

Présentation et signature ce samedi 30/09 – 11h à la Librairie Ombres Blanches (Toulouse)

« Né dans une plantation de coton en Louisiane à la fin du XIXe siècle, Huddie William Ledbetter alias Lead Belly est doté d’un talent inné pour la guitare et d’un tempérament fougueux. Pas étonnant donc de croiser l’autoproclamé Roi de la guitare douze-cordes en train d’ambiancer les juke joints grâce à son répertoire d’airs populaires. En 1933, alors qu’il purge une peine de prison pour tentative de meurtre, sa route croise celle du folkloriste John Lomax; il enregistre avec lui un pan entier de la musique traditionnelle américaine. S’ensuit une carrière peu glorieuse avant de revenir sur le devant de la scène dans les années quarante grâce au renouveau de la musique folk américaine porté notamment par ses admirateurs Woody Guthrie et Pete Seeger.

Et pourtant Lead Belly  ne connaîtra jamais le succès de son vivant et ironiquement c’est seulement quelques mois après sa mort lorsque ses amis les Weavers reprennent son titre Goodnight Irene (longtemps #1 des charts) qu’il est enfin reconnu à la fois par le public et par l’industrie du disque dont il a accompagné l’essor. Si son nom ne vous dit rien, c’est qu’il est ce socle, cette fondation nécessaire sur laquelle s’est construite toute la pop music au point d’être recouverte par elle.

Sans même le savoir, vous avez probablement déjà entendu au moins l’une des chansons qu’il a popularisées comme Black Betty (Ram Jam, Tom Jones), House Of The Rising Sun  (Bob Dylan, The Animals), Midnight Special (Harry Bellafonte, Creedence Clearwater Revival) ou encore Where Did You Sleep Last Night?  (Nirvana)… »
(extrait du communiqué de presse)

Amaury Cornut n’est pas un inconnu à Toulouse: rappelez-vous l’exceptionnelle Saison Moondog, du nom de ce musicien de génie surnommé le Viking de de la 6e avenue (New-York). Amaury a été le conseiller artistique d’une programmation généreuse, rehaussée par la participation de quelques fameux interprètes et qui a rythmé la cité rose de septembre 2018 à juin 2019 dans tous les événements et les lieux qui comptent dans son paysage musical.

Amaury Cornut photo © Alexandre Ollier

Musicien et producteur,  Amaury Cornut est également un chercheur passionné, animé par le désir de mettre en lumière ces inconnus légendaires comme il aime à les qualifier. Tant pour Moondog que pour Lead Belly, il replace les œuvres de ces songsters dans l’histoire de la musique et souligne leur rôle-clé dans la naissance ou le développement d’autres courants musicaux.

Éditions Le Mot et le Reste 09/2023

Lead Belly – le livre paru le 15 septembre dernier – est un véritable page-turner, un récit épique piqué d’anecdotes et toujours sérieusement documenté.  Amaury Cornut le présentera à la Librairie Ombres Blanches (Toulouse) samedi 30 septembre en fin de matinée.  La veille, à la Cinémathèque, il introduira la projection du film de John Ford tiré du roman de John Steinbeck: Les Raisins de la Colère.
A l’occasion de ces rencontres, vous découvrirez un autre visage d’Amaury Cornut, conférencier atypique et enthousiaste qui partage joyeusement la grande et ses petites histoires avec le public.

Garanti, on ne va pas s’ennuyer !

LEAD BELLY – Amaury Cornut, Editions Le Mot et le Reste, septembre 2023

RENCONTRES:
* Vendredi 29/09 2023 à 21h, Cinémathèque de Toulouse:  présentation du film Les Raisins de la Colère par Amaury Cornut.
* Samedi 30/09/2023 à 11h, Librairie Ombres Blanches (Toulouse): présentation et signature

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Protégé : INSCRIRE LE PAYSAGE (en cours)

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ARISE, l’album d’une suite jazz atmosphérique

En concert à Toulouse / Salle Nougaro le 6 février 2024

Avec davantage de finesse qu’un concerto ou qu’une symphonie, autres formats d’histoire découpée en mouvements, une suite musicale s’apparente au récit en littérature. Elles sont nombreuses dans le répertoire dit classique.
Le pianiste Amaury FAYE, lui, décline en mode jazz la structure plus ou moins convenue d’une suite instrumentale. Bien loin de l’exercice académique, ARISE naît, gonfle, et explose d’une évocation multisensorielle que le compositeur n’a pu concevoir sans une expérience intime de la montagne.

ARISE Cover

ARISE a tout d’une histoire contée qu’on écoute attentivement, accroché au fil narratif, immergé dans les micro-climats installés entre deux rebondissements. Déjà suggéré par le visuel très réussi de l’album, le tableau montagnard dans lequel Amaury FAYE va tisser son intrigue lui est d’autant plus familier qu’il est inspiré par ses deux grands-pères alpinistes.

Photo Louise Verdier

photo © Louise Verdier

Comme dans une course en montagne, sa composition conduit un espace-temps rythmé par la progression dans cette journée et le paysage traversé.

Dans cette idée, l’ouverture (A Stone heart) est la clé de la suite ARISE. Elle donne le ton, dessine le tracé sur la carte avant le départ. C’est l’introduction, le prologue devant le rideau encore fermé au théâtre, la préface, le préambule quand on ouvre un livre.
Ici le mouvement est apaisé, bien qu’on devine plein de pistes, de développements retenus – mais c’est presque obligé, tant la légèreté et le drame seront appuyés par la … suite.
Alors seulement la journée peut commencer.

Les étapes suivantes enchaînent les atmosphères secrètes de la forêt traversée en approche, la pause au bord du ruisseau, l’effort sur les pentes, les quelques mots échangés avec l’Ancien sur l’estive, et le vent fou du sommet, enfin.

A l’écoute d’ARISE, on imagine ce qu’on veut, on voit véritablement tout ce qu’on entend – et à chacun sa brise qui le porte.  Les musiciens de l’ensemble sont brillants. Chaque son, chaque instrument donne à ressentir l’espace, les temps longs et les surprises, les couleurs, les températures, et les humeurs.

Photo Astrid Vanderwaren

photo © Astrid Vanderwaren

ARISE est un petit miracle d’écriture jazz, conçu, composé, assemblé par un Amaury FAYE sous influence. Cette œuvre singulière a tout d’un accomplissement. Et parce qu’elle a infusé dans l’histoire familiale, elle est peut-être de celles qu’un artiste ne signe qu’une seule fois dans sa carrière, on verra bien. A tout le moins elle ne laisse aucun doute sur l’identité forte d’un musicien-auteur, d’un artiste complet.

Bonnes suites, Amaury Faye !

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Ecoutez son interview sur TSF Jazz, dans l’émission Deli Express

Ce que les pros en disent :

« un lyrisme direct et sophistiqué, des arrangements remarquablement fins et riches dans une veine parfois impressionniste. » [Froggy’s Delight]

« Un sacré défi, d’autant que la diversité des atmosphères et des caractères de son écriture est grande, sans pour autant qu’on perde le fil de cette suite de neufs morceaux. » [Jazz Magazine]

 « En résumé, ARISE {suite} est un album extraordinaire qui combine habilement différentes influences musicales, offrant une expérience sonore unique et captivante. Si vous êtes passionné de jazz, de musique classique ou de bandes sonores de films, nous vous recommandons vivement d’écouter cet album. » [Jazz in Family]

« Il y a définitivement quelque chose d’épique dans cette œuvre musicale, comme un souffle en écho aux paysages évoqués. » [Dragon Jazz]

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amauryfaye.com

Amaury Faye, la page Facebook

Tous les liens pour écouter, acheter, …

En concert le 6 février 2024 à la Salle Nougaro de Toulouse : réserver ici

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Amaury Faye présente les musiciens

Julian Lee

photo © Leila Belaubre

« Le soliste principal de l’album, pour qui j’ai eu l’immense plaisir d’écrire cette suite. Un des jeunes ténors montants de la scène américaine. Après être sorti de la Juilliard School of Music et avoir gagné le Lincoln Center Emerging Artist Award 2017, il s’est produit aux côtés d’artistes tels que Christian McBride, Jon Batiste ou encore au sein de formations prestigieuses telles que le Mingus Big Band ou encore le Dizzy Gillespie All-Star Big Band. Il est désormais un membre régulier du Lincoln Center Jazz Orchestra de Wynton Marsalis.  L’héritage de Lester Young que l’on retrouve dans le phrasé et le son ample de Julian conjugués à sa simplicité, son humilité et son côté «pépé-cool» m’ont immédiatement séduit, après que ma manageuse Leila nous ait présentés. Pour avoir une proposition artistique à la hauteur de son talent j’ai choisi de composer une suite qui s’éloigne de ce qu’il joue en temps normal, si bien que c’est un plaisir de pouvoir entendre un musicien de son envergure sortir de ses répertoires habituels et apporter sa pierre à l’édifice. Et Julian a relevé le défi avec brio, en témoignent les premiers retours critiques sur l’album qui saluent unanimement sa performance. Je le remercie sincèrement pour l’engagement dont il a fait preuve, en voulant se mettre constamment au service d’une musique qui a été en grande partie écrite pour lui, et je suis heureux grâce à cette aventure de le compter aujourd’hui comme un ami proche. »

Louis Navarro

photo © Leila Belaubre

« Après 7 années d’existence à enregistrer des disques, tourner en France et à l’étranger avec le Amaury Faye Trio aux côtés des scintillants Louis Navarro et Théo Lanau, ARISE arrive comme une nouvelle étape, un tournant artistique. Si initialement j’avais prévu une longue série d’albums live en trio, la pandémie a rebattu les cartes. Si cette idée est restée dans les tiroirs, celle d’écrire pour une formation plus large s’est imposée rapidement, et l’objectif était de rester dans la continuité de ce que j’avais commencé avec le trio. Ainsi j’ai eu le plaisir de pouvoir rappeler Théo et Louis pour démarrer cette nouvelle aventure, et garder une cohérence avec ce qui a été fait avant. Avec Louis c’est une longue histoire, nous avons commencé ensemble il y a plus de 10 ans, lorsque nous nous sommes rencontrés pendant les études. Avec un éventail esthétique très large, un son généreux et un time implacable, Louis a su s’intégrer rapidement avec le quatuor à cordes tout en gardant le rôle de «taulier» du trio qu’il tient depuis le début.« 

Theo Lanau

photo © Leila Belaubre

« Théo a rejoint le trio à mon retour de Boston, il y a environ 7 ans. Passé par Marciac avant de voyager dans toute l’Europe dans différentes et prestigieuses écoles, il a dans son bagage un large éventail, avec pas mal d’excursions dans les musiques improvisées. Sa technique, sa musicalité, son interaction et son écoute permanentes, ses idées toujours plus originales et un son très personnel en font un musicien avec qui j’adore jouer.« 

 

 

OCT

photo © Leila Belaubre

« Ma première collaboration avec ce prestigieux orchestre remonte à quelques années plus tôt, lorsque  j’avais répondu à une commande de quatre arrangements pour quintet à cordes de thèmes populaires. J’ai ainsi pu nouer contact avec l’OCT et découvrir que leur démarche était ouverte sur la création actuelle, ne se cantonnant pas comme d’autres formations à des périodes figées dans l’histoire de la musique. L’OCT est un ensemble qui collabore avec des artistes d’aujourd’hui et c’est donc tout naturellement à eux que j’ai pensé pour la réalisation de cet album.
L’ancien musicien de cet ensemble et désormais administrateur Renaud Gruss nous a littéralement offert un partenariat de luxe, mettant à disposition 4 musiciennes et musiciens formidables: Audrey Dupont (violon), Aurélie Fauthous (violon), Carlos Vizcaino Gijon (alto) et Nabi Cabestany (violoncelle) et en nous assurant un remarquable confort logistique.
Travailler avec le quatuor a été une expérience mémorable. L’OCT est une formation de prestige qui existe depuis 1953 et qui s’est produite à travers 5000 concerts dans 30 pays (de l’URSS à la Chine en passant par les USA), ayant enregistré plus de 60 disques. Audrey, Aurélie, Carlos et Nabi nous ont permis en peu de temps d’aller au vif du sujet. Composer pour un quatuor de haut niveau et dont les membres se connaissent par coeur musicalement revient à avoir un instrument unique dans les mains, multipliant les possibilités tout en ayant une réactivité instantanée. Cela restait pour autant un défi pour moi qui avait une faible expérience de l’arrangement pour cordes, et heureusement leur gentillesse et leur bienveillance m’ont permis d’aborder les sessions sereinement. Je tiens à les remercier pour avoir mis leur talent et leur expertise au service de cette musique, y avoir apporté leur touche personnelle.« 

Amaury Faye, piano
Julian Lee, saxophone ténor
Louis Navarro, contrebasse
Théo Lanau, batterie
Audrey Dupont, violon
Aurélie Fauthous, violon
Carlos Vizcaino-Gijon, alto
Nabi Cabestany, violoncelle

 

CREDITS

Produit par Clearway ProdADAMI et SCPP.
Directeur artistique: Giuseppe Millaci
Productrice exécutive: Virginie RavierCoordination production: Leila Belaubre
Paru et distribué sous le label Hypnote Records
Relations presse: Simon Veyssière (Accent Presse)
Toute les pistes ont été enregistrées en Juillet 2022
Enregistré par Valentin Mattedi à la Salle Nougaro, Toulouse, FR
Mixé par Jonas Verrijdt en Septembre 2022 au WallStudio, Bruxelles, BE
Mastérisé par Dave Darlington en Janvier 2023 aux Bass Hit Studios, New York, USA
Amaury a joué sur un Steinway D274 préparé par Frederic Delcorn de chez Pianos ParisoArtwork et layout par Romain Barbot

Pierre David

(article initialement posté sur le blog

Le Magazine Septembre

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Vincent Segal présente: Les Egarés

Nouvel album [No Format , 2023]

Le violoncelliste polyglotte nous plonge dans les harmonies, les rythmes, et les parfums d’un monde étiré entre l’Afrique de l’ouest et le Pakistan, en passant par l’incontournable Perse.

On aurait tort de limiter ses collaborations avec d’autres artistes au simple rôle d’accompagnateur. Vincent Segal est un auteur, créatif et subtil, à l’écoute de tant de langues musicales, avant tout axé sur le « jouer ensemble » qui infuse tous les albums sur lesquels il est crédité.

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En Champsaur, le pas de côté de Vivian Maier

(article mis à jour ce 13/06/2023)

Vadrouilles sur les chemins, dans les villages.  Loin du mythe.

photo © pierre david

Comme d’autres j’imagine, la découverte du phénomène Vivian Maier au travers du documentaire de John Maloof a généré en moi un peu de malaise (1)  et, heureusement, davantage de curiosité.  Intéressé au premier chef par son travail de photographe, j’ai préféré me rapprocher de l’état d’esprit de cette arpenteuse au regard affûté, mais au calme, loin du cliché street-photographer auquel on la réduit désormais.  Quel meilleure destination pour cela que le Champsaur, un territoire avec lequel Vivian Maier a entretenu des liens privilégiés.
Ce fut mon pas de côté, en août 2022.

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Blues et Pizzica, Rock et Taranta: la rencontre qui réinvente l’harmonie et la ferveur

STILL MOVING: l’album de Mauro Durante et Justin Adams

Mauro Durante & Justin Adams
Photo © Ugo Dalla Porta

Cette réunion était inscrite. Tôt ou tard elle devait se produire.
Deux musiciens de traditions et d’horizons différents se rejoignent comme arrivent les nomades au caravansérail, mêlent leurs voix et leurs instruments.  En jouant, ils s’apprennent l’un l’autre et chacune des deux musiques résonne distinctement dans son essence pure, intacte.  C’est un miracle.

La voix et la guitare de Justin Adams sonnent bues et rock pur jus. Mauro Durante chante et chauffe les instruments de la pizzica exactement comme on le connaît dans le célèbre ensemble Canzoniere Grecanico Salentino.  Les deux traditions se retrouvent pourtant dans les mêmes élans, sur les mêmes rythmes, avec la même fougue.

Leur rencontre et cet album n’ont rien d’un métissage hybride, ce n’est pas un projet de producteur avide d’un montage mondo-mix bien dans l’air du temps.
Ces musiciens jouent ensemble, l’accordage est naturel.

Ce qu’on entend donne envie de danser sur les tables, de parler aux étoiles.

Un billet sur la radio FIP raconte cette belle histoire.

Still Moving, 2020 – Ponderosa Music records

 

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Dans le bain de la Photographie et du Territoire

Retour sur le Festival Zoom Photo en Couserans  à Seix (Ariège) – 12 au 14/05/23

Juste rentré d’une Belgique pluvieuse, débarqué du train dans la pluie de Toulouse, vite chercher le flyer de ce festival ZOOM PHOTO EN COUSERANS dont j’avais oublié les dates. C’est déjà mort pour le vernissage, alors le lendemain, rebelotte le train à 6h44-Matabiau, puis le car 452 à Boussens jusqu’à Seix où j’arrive – dans la pluie – juste à temps pour la table ronde dans la grande salle du château.

Faut se mouiller parfois quand on désire fort quelque chose ou quelqu’un. On est plus attentif à la qualité de la rencontre : prêt à s’exposer dans l’échange où, avec un peu de chance, l’autre n’attendait que ça. Magie.

L’équipe du festival a su réunir et installer les conditions qui favorisent ces rencontres singulières, entre imaginaires créatifs et territoires de caractère. On y retrouve sans surprise les membres de l’Asso Déclic, arpenteurs des chemins, des vallées, et des villages, exactement à leur place. L’association Autres Directions avec Le Bus – Espace Culturel, formidable outil à tisser une identité culturelle contemporaine pour une Ariège où tous les habitants se reconnaissent. Le Collectif Trigone : aiguillon avisé qui sait stimuler la curiosité dans la pratique photographique et greffer, organiser des animations qui dynamisent des événements comme celui-ci. D’autres structures appuient l’initiative de ces organisateurs : les programmateurs de l’ADECC, la Communauté de Communes Couserans-Pyrénées, et l’incontournable Espace Saint-Cyprien de Toulouse.

La table ronde Interaction.s : Photographes, Territoiress, et Habitant.e.s a tenté de disséquer le vecteur de la photographie comme instrument de rencontre. On a essentiellement entendu des photographes (mais où étaient les habitants??) témoigner de leur posture, de leur approche, de leurs expériences, tant dans la manière d’aborder un territoire – parfois inconnu (comprendre sa géographie, son histoire, sa dynamique, …) que dans le soin apporté à l’échange : qu’est-ce qu’on vient « prendre » et surtout qu’est-ce qu’on apporte à ce territoire, à ses habitants ?
Le contexte d’une « résidence photographique » – avec sa demande de restitution en fin de parcours, laisse plus ou moins de liberté aux photographes. Dans tous les cas, l’enjeu est de permettre aux habitants de se reconnaître dans le regard de la / du photographe, qui les découvre et les respecte autant qu’elle / il les étonne. Dans tous les cas, la réussite de la rencontre dépendra de la personnalité de chacun, des deux côtés de l’objectif (dans les deux sens du terme).

Lever d’entrée l’appareil photo sous le nez de son interlocuteur, c’est sûr que ça ne va pas le faire.
Des fois, on repart sans la photo, mais tout de même avec l’histoire de la rencontre réussie. C’est Anne Desplantez qui parle (Association Déclic).

photo FIFV

On n’embrasse pas une femme en lui sautant dessus me confie plus tard Rodrigo Gomez Rovira. Ce gars est immense. Un colosse en photographie. Un regardeur capable de déclencher autant pour la photo – si elle se présente, que par affection pour son sujet, j’en suis sûr. Dans les salles du château de Seix, une large exposition des images de ce Chilien, un temps réfugié en France réfugié en France – dictature oblige, mêle des photos de son pays natal, où il réside désormais, à celles saisies dans le Couserans au gré d’une résidence et de vadrouilles toutes personnelles. Directeur du Festival International de Valparaiso, Rodrigo a également publié plusieurs livres. Celui que j’ai emporté, Registre des Voyageurs, offre une incroyable palette graphique qui harmonise ses photographies et les aquarelles d’Anamaria Briede dans une texture de noirs et blancs d’une sensualité qui appelle le toucher. La réalisation de l’objet livre (ou cahier) est un projet éditorial d’une rare audace mais qui colle on ne peut mieux à l’identité de Rodrigo. Bravo à Filigranes Editions, à Patrick Le Bescont pour la réalisation graphique.

Il reste du temps avant le déjeuner, l’occasion de parcourir les autres expositions.
Traversées, une exposition rétrospective et collective.
Tao Douay: La falaise des Ames.
Séverine Gallus: Trisomique et alors?
Thomas Guillin: Conquêtes.
Arthur Batut, une figure du photographe amateur.
Nicholas Nixon, collection du Château d’Eau

Je voudrais juste souligner ici l’originalité et la qualité de leur scénographie, chacune composée dans un récit qui sert en soi la thématique autant qu’il raconte le lieu qui l’accueille : le vieux parquet des salles du château, la chapelle tapie dans la lumière et la poussière de son dernier sacrement (mais l’orgue joue encore), la peinture défraîchie des murs du presbytère, le Bus-espace culturel… Voilà qui change des galeries lookées façon chambre froide 😄

Midi. J’opte pour le restaurant traditionnel sur la place, dans l’idée d’y trouver peut-être les habitants de ce territoire, qui ont manqué je trouve à la table ronde racontée plus haut. Mais non … Quelques habitués. Une dame que l’on place à ma table et qui déclame gentiment mais doctement l’équivalent d’un flyer de l’office de tourisme vantant les attraits de la région. J’acquiesce poliment et je me sauve. Pas davantage de monde dans les ruelles en ce samedi pluvieux d’entre-saison : bistrots fermés, la boutique de produits du terroir n’offre que trois demi-tomes de fromage « on ne m’a pas livré le reste».

Va pour le territoire. En face de la chapelle, deux hommes débarquent une jument de la bétaillère devant les chiens curieux. Une fois dans le pré, elle tient à distance l’étalon avec lequel elle va partager le pré. Hennissements et ruades : la noce n’est pas pour tout de suite. Village trempé de pluie. Eau vive de printemps, descendue de la montagne, qui s’engouffre sous les passerelles de pierre, se brise en écume contre les murs des caves qui la borde, avant de rejoindre le Salat.

Rive du Salat, vers l’amont. Pluie fine, herbes lourdes à tremper les jambes du pantalon, foison de fleurs qui explosent sur le moindre brin d’herbe, boue du chemin. Le moi de Mai est ici organique, généreux. L’âpreté des canicules qui désormais dévorent les étés donnera sans doute un autre visage aux territoires, mais ils défendront leur nom.

En longeant la rivière, j’avais en tête la mélodie de Land and Country, composée par P.Faccini et interprétée par Yelli Yelli sur son album Terre de mon Poème. Vous avez dit territoires ?
Special dedicace à Rodrigo, Anne, Arno, Ingrid, en souvenir de nos parlottes ce jour-là.

Faute de temps (failli rater le car-retour bon sang!), j’ai zappé les animations du Bus, du Collectif Trigone, la séance de dédicace des bouquins, le parcours commenté des expos, etc … mais l’énergie de ce programme a infusé ma journée, et tout le WE certainement !

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Après la clôture du festival dimanche, seules restent visibles l’exposition Echos du Silence, de Rodrigo Gomez Rovira, jusqu’au 18 juin au Château de Seix, les WE de 14h30 à 18h ; et celles accrochées aux cimaises de la Médiathèque de Seix, aux heures d’ouverture jusqu’au 15 septembre : Trisomique et alors ? (Séverine Gallus), Conquêtes (Thomas Guillin).

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L’exposition Echos du Silence, de Rodrigo Gomez Rovira, a été co-produite par le Festival Internacional de Fotografia de Valparaiso (FIFV) et le Département Photographie de l’Espace Saint-Cyprien de Toulouse, avec le projet pour ce dernier de la programmer dans sa galerie en septembre / octobre de cette année.

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Rodrigo Gomez Rovira exposera dans la cadre du prochain festival Images Singulières à Sète (18/05 au 11/06).

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Le Bus – Espace culturel

Association Declic

Collectif Trigone

Espace Saint-Cyprien

Rodrigo Gomez Rovira

Images Singulières à Sète

 

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