Jalons d’éveil (artistes à suivre) 1: Baro d’Evel

Le plaisir des retrouvailles et celui de la découverte peuvent s’apprécier avec la même intensité, chacun sa palette sans doute, et dans les deux cas réserver de belles surprises.  On se dit alors qu’on est sur le bon chemin, dans la bonne intuition exploratrice, tous capteurs dehors.

Petites formes-ateliers ou spectacle en tournée, Jalons d’éveil est un pointage sur des artistes magnifiques avec lesquels régler une interface sensible, infuser des univers, et guetter leur prochain passage de comète.

photo © François Passerini

Baro d’Evel.  Comment définir ces infatigables chercheurs du cirque poétique?  Oui voilà, je viens de le faire!  En plus de mots:

Baro d’Evel aime chercher dans les oppositions, les interstices, les entre-deux, les passages, ces endroits de transformation, là où l’on devient autre, là où l’absurde nous soulage du sens. Parce que ce sont ces paradoxes, ces frottements qui mettent en danger, et ouvrent des portes. lit-on sur le programme.

Par ce long compagnonnage qu’ils entretiennent avec l’animal, Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias raffinent encore le trouble, entre transformation et mimétisme, qui fait résonner ces mots de Georges bataille:

L’animal ouvre devant moi une profondeur qui m’attire et m’est familière.  Cette profondeur, en un sens, je la connais; c’est la mienne.  Elle est aussi ce qui m’est le plus lointainement dérobé.  Je ne sais quoi de doux, de secret, de douloureux, prolonge dans ces ténèbres animales l’intimité de la lueur qui veille en nous ».

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photo © Arthur Bramao

15 ans au compteur déjà, pour cette toujours jeune compagnie dont l’épine dorsale est composée de  Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias, sans oublier le cheval, le corbeau, partenaires de tant de spectacles, ni la tribu de danseurs, acteurs, acrobates, musiciens, et techniciens mobilisés autour de productions plus ambitieuses comme Bestias.  De loin en loin on les retrouve, sous chapiteau sur les routes de France, au centre L’Usine à Tournefeuille, ou encore ici,  au Théâtre Garonne de Toulouse, où le duo avait précédemment joué son spectacle Mazut.

cheval danse

photo © Alexandra Fleurantin

 

Au cours d’une résidence-atelier au Garonne,  ils ont frotté leurs ébauches d’un nouveau projet en dyptique –  : duo avec oiseau, et La Falaise: plus grande forme avec animaux – aux univers de Leonor Leal, atypique danseuse de flamenco et de la chanteuse Fátima Miranda.  Ils en partageaient l’autre soir un instantané, une sorte de jalon minimaliste mais très évocateur, pétri de corps-à-corps, de drôleries et de tendresses, d’élégances aussi.

Etait-ce l’intimité de la confrontation dans le contexte d’atelier, mais l’ardeur de Baro d’Evel dans le questionnement émotionnel, son l’humilité au bord de l’inconnu, de l’interstice nous ont touché au même endroit que les œuvres intimes de la généreuse Pina Bausch.

Et ça, c’était la surprise de la soirée.

* * * *

Prochaines dates de la compagnie: ici

 

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